Kaiser quoi? Une critique d’Education, Education, Education & War (Musique)

(Par Pierre-Luc Latour)

Je suis curieux, très curieux. Cette curiosité qui m’habite depuis que je suis jeune me force évidemment à assouvir ma satisfaction de connaissance. Comme j’adore la musique, je ne me répugne jamais à utiliser tous les moyens possibles pour découvrir de nouveaux genres, de nouveaux artistes, de nouvelles voix. Et je sais que tu me vois venir.

Je dois m’en confesser, j’ai un faible pour The Voice, mais plus particulièrement pour les auditions. Incapable d’écouter la version québécoise qui me donne de l’urticaire à chaque fois pour de nombreuses raisons, je dois donc me tourner vers les States, l’Australie et, bien sûr, Mme Grande-Bretagne. Si j’ai découvert des artistes (plutôt des nobodies devenus artistes), j’ai aussi pu apprécier le travail de plusieurs artistes, beaucoup plus intéressés à la musique qu’on le pense. C’est dans ce contexte que j’ai redécouvert Ricky Wilson et, par le fait même, Kaiser Chiefs. Si t’as jamais chanté à plein poumons le «Ruby, Ruby, Ruby, RUUUUUUUUUUUUUBY» de la chanson du même nom en jouant au tout premier Guitar Hero, je te conseille d’y remédier au plus vite!

Pour plusieurs, il est facile de connaître la provenance de certains artistes ou groupes simplement par leur voix ou la mélodie. Si on peut deviner que Sublime est un groupe typiquement californien, que Dead Obies est terriblement montréalais et que Pitbull vient de partout comme il le dit avant chaque chanson (Mr. Worldwide you know), les Chiefs sont des Britanniques purs et durs. Et j’adore tout ce qui vient de la Grande-Bretagne.

C’est donc avec beaucoup d’anxiété et d’appréhension que j’ai écouté Education, Education, Education & War, le cinquième album studio de Kaiser Chiefs. Tout d’abord, je ne voulais pas être déçu par le charmant personnage qu’est le chanteur Ricky Wilson pour qui je me suis découvert beaucoup de sympathie grâce à sa passion musicale. J’étais aussi plutôt inquiet d’entendre les paroles de ce nouvel opus considérant que l’auteur principal des quatre albums des Chiefs, l’ex-batteur Nick Hogdson, a quitté le groupe en 2012 pour se consacrer à des projets personnels (sûrement pas la construction d’un cabanon).

C’est dans cet état d’esprit que j’ai découvert un album, malheureusement, bien commun. N’ayant pas été affectée par la perte d’un des membres fondateurs, la perte d’Hodgson se fait moins sentir que prévu. On se rend rapidement compte que l’on fait face à un groupe expérimenté et rodé. Or, c’est justement là le problème : Kaiser Chiefs n’a absolument rien changé à une formule qui a déjà fait ses preuves (des solides joueurs de loterie?). Je n’ai dis pas ici qu’il faudrait repartir à zéro et tout changer en perdant ainsi l’identité même du groupe, mais au cinquième album, habituellement, tu dois au moins essayer de te réinventer, de t’embellir, de t’améliorer.

Est-ce que l’album contient d’autres défauts, mis à part le manque d’originalité du groupe? Oui. Premièrement, on peut sentir une certaine répétition au niveau mélodique. Ça sonne bien, ça s’entend bien, mais après quelques écoutes, on comprend vite le style et les accords. Deuxièmement, ayant toujours était très politisé (les Kaisers Chiefs sont un peu les Loco Locass britanniques), l’album nous laisse insensible face aux nombreux problèmes de la Grande-Bretagne, mentionnés à travers la dizaine de chansons. On peut même trouver qu’ils vont trop loin, que ça en devient même pompant par moment ; je pense surtout ici aux chansons Ruffians on Parade, Misery Compagny et Cannons. Finalement, l’album manque cruellement de chansons marquantes. Outre Coming Home qui deviendra certainement un succès radiophonique, la plupart des chansons tombent à plat, et ce, même avec la voix à la David Bowie de Ricky Wilson.

En conclusion, il ne faut pas tout jeter de cet opus. D’ailleurs, il plaira très certainement aux admirateurs du genre et à ceux qui veulent découvrir sans se casser la tête. Toutefois, l’album voguera certainement sur la popularité que cause la participation de Wilson à The Voice UK. Si on peut prévoir un succès côté ventes en Europe, on peut aussi craindre une chute de popularité en Amérique. Si le futur s’annonce ensoleillé pour la musique british, on ne peut en dire de même avec les Kaiser Chiefs. Si le groupe ne s’adapte pas à la tendance évolutionnaire de la musique contemporaine, on ne dira plus : «J’aime bien le nouvel album des Kaisers Chiefs», mais plutôt «Les Kaisers quoi? C’est un groupe de musique ça?»

Idéal pour :
* T’accompagner pendant que tu peins un portrait de la Reine en buvant du thé.
* Ces moments où t’as envie de chanter en te prenant beaucoup trop au sérieux.
* Écouter pendant que t’es dans le train un jeudi après-midi par temps gris, la face estampée dans la vitre.

Les plus :
+ Ça met de la couleur dans ta collection de CDs (la pochette est quand même jaune).
+ L’effort d’être politisé.
+ C’est catchy.

Les moins :
– Le speech de Bill Nighy, caché dans l’album, que je vous invite à découvrir par vous-mêmes…surprenant, mais un peu too much. (Je ne vous laisse pas jouer à « Où est Bill », écoutez la chanson Cannons au complet!)
– On ne s’attache pas.
– Le titre et le message parfois vraiment trop pompeux.
– C’est catchy, mais un peu trop quand même. SORT DE MA TÊTE FACTORY GATES.

Note : 6
Metanote (metacritic) : 57

Titre: Education, Education, Education & War
Artiste: Kaiser Chefs
Label: ATO Records
Date de sortie: 31 mars 2014
Genre : Brit-Rock, Post-Punk

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