(Par Jérémie Bernard)
J’ai passé une bonne partie de mon enfance à agencer des blocs multicolores au gré de mon imagination débordante. Je pouvais passer des journées entières à suivre les instructions de mon nouvel achat ou encore à créer quelque chose de totalement inédit. J’ai construit, détruit, modifié, tenté, remodelé pendant un nombre incalculable d’heures. Les Legos feront à jamais partie de qui je suis aujourd’hui. Un film qui leur fait honneur? J’y ai assisté.
Le film Lego ne s’adresse pas qu’aux enfants. Je veux que cette information soit claire dès le début. Une majeure partie des références, du second degré et de l’absurde dans l’humour de l’œuvre s’adresse aux gens de ma génération, à ceux qui ont vécu les Legos avant tout comme le jouet créatif ultime d’une époque révolue. Les jeunes aujourd’hui sont séduits en premier par les nombreuses adaptations vidéoludiques de l’univers des briques, avant de construire leur première création par eux-mêmes. Le film est donc un excellent mélange entre le plaisir de construire que nous avions, et l’humour désopilant que les jeux Lego présentent plusieurs fois par année lors d’adaptations aussi nombreuses que bien réalisées de grands univers narratifs contemporains. C’est pourquoi l’action principale tourne autour de la construction et de la créativité, mais que des personnages connus comme Batman et Han Solo font partie du film. Figures reconnaissables et métadiscours sur ce que sont les Legos se côtoient chaque minute du film.
Au niveau visuel, vous serez charmés ou désemparés par un intéressant mélange d’animations aux effets chatoyants et colorés et de stop-motion au sommet de son art. L’univers présenté aux spectateurs est très fidèle à ce que nous connaissons des Legos, en plus de rendre compte du côté unique et gigantesque des possibilités offertes par ces petits blocs à l’apparence anodine. Chaque plan regorge de détails, de références, de non-dits, de flamboiement coloré et de superpositions de degrés humoristiques. Il y a assez de gags pour mériter un second et troisième visionnement. Pensez à un Deux minutes du Peuple de François Pérusse, mais visuel, et regroupant des milliers de systèmes sémantiques issus d’univers que nous connaissons tous, en passant par les super héros jusqu’aux clichés propres aux pirates.
Le film est un carnaval continu de saturation visuelle. Il faut être prêt et ouvert d’esprit pour accepter de passer du coq à l’âne au niveau où le film le fait. Pensez à un spectacle de Denis Drolet, mais avec des valeurs et un message (sans rien enlever à l’humour)!
Sans rien vous révéler du film, disons que l’œuvre parvient bien à rendre compte du côté imaginaire de l’univers Lego tout en rappelant aux gens la réalité propre à ces jouets historiques. J’ai réellement apprécié de me plonger dans cette imagination projetée qui m’a rappelé mon enfance et la force créatrice et infinie des Legos. Un film à voir peu importe l’âge, si ces petits blocs ont déjà signifié quelque chose pour vous.
P.S : Peu importe comment il est aisé de voir comment la chanson thème est une critique de la musique populaire contemporaine, je vous garantis qu’elle vous restera en tête durant quelques jours (minimum) et quelle vous fera même sourire à plusieurs reprises !
Titre : The Lego Movie
Pays : États-Unis
Année : 2014
Durée : 100 minutes
Genre : Animation, comédie
Réalisation : Phil Lord, Christopher Miller
Scénarisation : Dan Hageman, Kevin Hageman
Acteurs : Will Arnett, Elizabeth Banks, Alison Brie