(Par Jérémie Bernard)
Disons la vérité : Iced Earth était sans doute très près du fond du baril avec les deux albums concepts Something Wicked. Même si le premier était à mon sens plus intéressant que le deuxième (qui était pourtant enrichi de la présence du mythique Matt Barlow), ces deux albums avaient perdus de l’énergie et du sens du rythme qui ont fait le succès de ce groupe. Jon Schaffer est arrivé avec une solution miracle pour remettre sa formation sur pieds : combler la place de chanteur encore une fois vacante suite au deuxième départ de Barlow par nul autre que le très respecté Stu Block (Into Eternity). Après un premier album absolument revigorant et une tournée mondiale plus près de leurs racines que jamais, voici le tout premier vrai DVD d’Iced Earth en tant que groupe principal à être officiellement enregistré. Et c’est, mes amis, toute une pièce d’histoire.
Avant même que le spectacle ne commence, il est nécessaire d’écrire quelques mots sur le lieu choisi par le groupe pour enregistrer leur performance. La formation n’a pas choisi de s’enregistrer au Japon ou dans une grande ville américaine, comme la majorité des groupes le font. Il faut comprendre qu’Iced Earth a toujours su très bien s’autogérer et faire ses propres affaires sans subir la pression d’aucune force extérieure. Exit les salles habituelles donc. Pour le DVD, le tournage a courageusement été fait dans un ancien théâtre extérieur gréco-romain sur l’île de Chypre. L’endroit n’avait pas accueilli d’événement depuis plusieurs siècles : Iced Earth décida donc d’y apporter équipement et électricité pour redonner vie à ce lieu historique. Quand l’on sait à quel point les Grecs adorent Iced Earth, l’on voit ici qu’il y a tout de suite formule gagnante entre les thématiques du groupe, le lieu du spectacle et le contexte du tournage.
Iced Earth a toujours su en donner beaucoup à ses fans. Le spectacle en question dure (je dirais presque s’éternise) pendant près de deux heures et demie. Il faut être autant en forme que les musiciens pour tout se farcir en une seule écoute ! Malgré l’ajout récent de Stu Block et du nouveau bassiste, Luke Appleton, je n’ai rarement vu le groupe avec une telle synergie. Le groupe garde une présence scénique forte du début à la fin. Malgré le côté un peu vieux jeu du montage et de Iced Earth en général, le spectacle s’écoute bien et est d’autant plus impressionnant quand l’on sait tout le contexte derrière. Le documentaire offert en bonus sur le DVD est là pour montrer et expliquer le pourquoi du comment.
Le groupe parcourt l’intégralité de son matériel à travers cette setlist exhaustive. Ils vont piger dans pratiquement tous les albums, en plus de prendre soin de présenter Dystopia, leur dernier album avec Stu, en quasi-totalité. Autant pour les gens comme moi qui ont raccroché par la qualité du dernier album que les fans de la première heure, il y a quelque chose d’accrocheur sur ce DVD.
Le son est très bien pour un spectacle dans un lieu improvisé. En fait cela sonne très Iced Earth, donc il n’y a aucune surprise de ce côté. Le DVD est fourni avec un album live double. Vous pourrez alors comme moi réécouter les classiques avec la voix phénoménale de Stu où bon vous semble. Parlons-en de cette nouvelle voix. Cet artiste est capable d’imiter à l’absolue perfection tous les styles des chanteurs passés, tout en ajoutant ses propres techniques et sa propre dévotion à chaque chanson. J’ai adoré le dernier album Dystopia justement pour la qualité vocale incommensurable dont il fait montre. J’étais donc très content de pouvoir revivre l’expérience sur l’ancien matériel du groupe, en plus d’avoir une foule en délire pour rehausser l’expérience.
Si vous avez l’habitude de faire jouer une chanson d’Iced Earth une fois de temps en temps ou si vous avez aimé Dystopia, courrez vous procurer ce morceau incontournable de l’histoire du groupe dès maintenant. Si vous aimez le métal un peu old-school et cherchez quelque chose de particulier à vous mettre sous la dent, faites la même chose ! Si vous n’aimez pas trop Iced Earth, mais êtes fan du travail vocal de Stu Block, écoutez la vidéo qui suit cette critique, histoire de vous mettre l’eau à la bouche.
Sans être le spectacle du siècle au niveau production visuelle et scénique, Iced Earth a su gagner encore une fois mon respect en organisant un événement d’envergure dans un endroit aussi fort de signification et en engageant une bonne partie de la main-d’œuvre localement pour aider un peu quelques entreprises de Chypre. Avec autant de matériel et un documentaire très intéressant pour comprendre le processus créatif et technique du groupe, vous en avez aisément pour votre argent avec cette collection au son irréprochable et à la pochette toujours aussi inspirante.
P.S : Merci à Brent « Deadly » Smedley pour toutes ces années de dévouement et de puissance rythmique au sein d’Iced Earth. Ce batteur historique a récemment quitté le groupe pour pouvoir s’occuper des membres ainés de sa famille, terminant ainsi une autre époque importante de la formation. Un musicien avec autant de personnalité musicale, ça devient de plus en plus rare de nos jours.