(Par Sophie Vaillancourt)
En parcourant mes articles, vous en êtes probablement venus à la conclusion que j’aimais beaucoup les livres pour adolescents et que je penchais plutôt vers l’invraisemblable, le fantastique. Vous avez raison! Or, lorsqu’un livre est une perle, peu importe le genre dont il fait partie, il doit être connu. Je me donne donc comme mandat ici de vous faire découvrir un roman de Jay Asher, qui nous fait réfléchir sur le pouvoir que les réseaux sociaux ont sur nous.
L’histoire se passe en 1996, alors que les ordinateurs domestiques font leur apparition. Emma en a un tout beau, tout neuf qui trône dans sa chambre et est complètement obnubilée par celui-ci. Son voisin depuis toujours, Josh, à qui elle n’a pas parlé depuis plus d’un an, lui donne un CD contenant le logiciel d’installation d’AOL. Lorsque l’installation est terminée, Emma lance le navigateur et se connecte sur le site même d’AOL. Or, ce n’est pas la page d’accueil de son adresse courriel qui apparait. C’est une page stylisée en bleu, où s’affiche la photo d’une jeune femme ainsi que plusieurs activités, listées en-dessous. Emma ne comprend pas quel est ce site qui porte le nom de Facebook…! En y regardant de plus près, elle trouve que la femme lui ressemble drôlement… et porte le même nom qu’elle! C’est impossible, et pourtant… Sans le vouloir, Emma a une fenêtre sur la vie qu’elle va mener dans une quinzaine d’années.
Elle partage le secret avec Josh, qui lui aussi, est curieux de savoir son avenir. Après avoir consulté son propre profil, il se dit satisfait de ce que la vie lui réserve. Emma, au contraire, est totalement outrée de savoir ce qui va lui arriver : manifestement, d’après les statuts qu’elle écrit sur sa page, elle ne semble aucunement être heureuse. Avec le peu d’indices que lui donne son profil Facebook, l’adolescente tente par tous les moyens de changer son avenir et, parfois, la moindre petite pensée peut avoir un effet dévastateur dans sa vie. Avez-vous déjà entendu parler de l’effet papillon? C’est exactement ce qui se passe ici.
Emma devient obsédée par sa page Facebook. À tous les soirs, en revenant de l’école, elle se précipite sur son ordinateur et regarde ce qui a changé par rapport aux gestes qu’elle a posés durant sa journée. Mais plus elle tente d’améliorer son sort, plus elle est insatisfaite de sa vie future.
Mon opinion
D’une voix forte et réaliste, Jay Asher s’adresse particulièrement aux adolescents. Il tente de les mettre en garde contre les fameux réseaux sociaux, ceux qui font que l’être humain est peut-être de moins en moins social, justement, à se cacher derrière son écran d’ordinateur ou celui de son téléphone intelligent. De façon tout aussi sous-entendue, il leur dit simplement de profiter de la vie, de leur jeunesse, et de ne pas trop penser à l’avenir. C’est en vivant présentement que notre futur se construit, petit à petit.
Cette façon de penser me fait réfléchir quant à la place de la technologie dans notre société, et je suis d’accord avec Asher. Oui, elle nous est utile pour bien des choses. Oui, elle a grandement amélioré notre communication, en un sens. Mais elle est aussi en train de détruire le côté social, humain, vivant de cette même communication. Aujourd’hui, tout se passe par Internet ou par texto. Les contacts sont de moins en moins chaleureux, vrais, et de plus en plus embarrassés, inconfortables. Il nous faudrait sortir de notre petite coquille technologique et aller à la rencontre d’autres êtres humains.
Reste à savoir si ce livre changera votre relation face à vos gadgets ou vous laissera totalement indifférents. Ce que je souhaite par-dessus tout est que ce livre, et sa morale, atteigne les adolescents, afin qu’ils sortent de leur monde cellulaire-esque et qu’ils se concentrent sur ce qu’il y a vraiment devant leurs yeux, soit d’autres personnes avec qui interagir.
Et vous, qu’en pensez-vous?